[…] et quant a parler de tout le bien qui ou dit livre puet estre noté, certes trop plus de vertueuses choses, mieulx dictes, plus auttentiques et plus prouffitables — mesmes en politiquement vivre et morallement —, sont trouvees en mains autres volumes fais de philosophes et docteurs autentiques de nostre foy, comme Aristote, Seneque, saint Pol, saint Augustin et d’autres — ce savéz vous —, qui plus vallablement et plainement tesmongnent et enseignent vertus et fuir vices que maistre Jehan de Meun n’eust sceu faire : mais si voulentiers ne sont veuz ne retenus communement des charnelz mondains, pour ce que moult plaist au malade qui a grant soif quant le medicin lui ottroye que il boive fort, et tout voulentiers pour la lecherie du boire se donne a croire que ja mal ne lui fera.  Et si me rens bien certaine que vous — a qui Dieu l’ottroit ! — et tous autres par la grace de Dieu ramenéz a clarté et purté de nette conscience, sans soulleure ne pollucion de pechié ne entencion de lui, nettoiéz par pointure de contriction (laquelle œvre et fait cler veoir le secret de conscience et condempne propre voulenté comme juge de verité), feréz autre jugement du Roman de la Rose et vouldriéz, puet estre, que onques ne l’eussiéz veu.  […]  (For an English translation, click here.)

 

Christine de Pizan (c.1363-c.1431)
Manuscrit de base BnF fr. 12779
« A moult souffisant et sçavant personne, maistre Jehan Johannez, secretaire du roy nostre sire » (1401)

 

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[…]  — Je ne trouve point, Madame, dit Saffredant, qu’il soit une plus grande nécessité que celle qui fait oublier toutes les autres ; car, quand l’amour est forte, on ne reconnoît autre pain, ne autre viande que le regard et la parole de celle que l’on aime.  — Qui vous laisseroit jeûner, dit Oisille, sans vous bailler autre viande, on vous feroit bien changer de propos.  — Je vous confesse, dit-il, que le corps pourroit défaillir ; mais le cœur et la volonté, non.  — Doncques, dit Parlamente, Dieu vous a fait grand’grâce de vous adresser en lieu où vous avez eu si peu de contentement, qu’il vous faut réconforter à boire et manger, et dont il me semble que vous vous acquittez si bien, que devez louer Dieu de cette cruauté.  — Je suis tant nourri au tourment, dit-il, que je commence à me louer des maux dont les autres se plaignent.  […]  (For an English translation, click here.)

 

Marguerite de Navarre (1492-1549)
LHeptaméron (1558)
« Nouvelle L »

 

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Qui n’a pas d’argent en bourse, qu’il ait du miel en bouche.

 

Blaise de Lasseran Massencome, seigneur de Monluc (c.1502-1577)
Commentaires (1592)

 

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Il ne faut pas mettre de vinaigre dans ses écrits, il faut y mettre du sel.

 

Montesquieu (1689-1755)
Mes Pensées 1720-1755

 

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[…]  Au côté opposé, une grande chambre, dans laquelle mon père avait fait placer son établi, beaucoup d’objets de sculpture et ceux de son art, formait son atelier.  Je m’y glissais le soir, ou bien aux heures de la journée où il n’y avait personne.  J’y avais remarqué une cachette où l’un des jeunes gens mettait des livres : j’en prenais un à mesure ; j’allais le dévorer dans mon petit cabinet, ayant grand soin de le remettre aux heures convenables, sans en rien dire à personne.  […]  (For an English translation, click here.)

 

Jeanne-Marie Roland de La Platière (1754-1793)
Mémoires de Mme Roland (1820)
« Enfance »

 

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Quand une fois on a goûté du suc des mots, l’esprit ne peut plus s’en passer.  On y boit la pensée.

 

Joseph Joubert (1754-1824)
Pensées (1838)

 

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Les bourgeois ne se doutent guère que nous leur servons notre cœur.  La race des gladiateurs n’est pas morte, tout artiste en est un.  Il amuse le public avec ses agonies.

 

Gustave Flaubert (1821-1880)
Correspondance, « À Ernest Feydeau » (1859)

 

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Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux.  […]

 

Paul Verlaine (1844-1896)
Romances sans paroles (1874)
« Green »

 

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Jean Limosin I (1597-1619) or Jean Limosin II (active circa early 17th century). Salt Cellar: The Muses. The Walters Art Museum. → https://art.thewalters.org/detail/25558/salt-cellar-the-muses/

 

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References & Suggested Reading

 

 

« À ERNEST FEYDEAU. [Croisset, première quinzaine d’octobre 1859.] » Centre Flaubert. Édition électronique de la correspondance de Flaubert, par Yvan Leclerc et Danielle Girard, université de Rouen Normandie, 2017.https://flaubert.univ-rouen.fr/jet/public/correspondance/trans.php?corpus=correspondance&id=10373&mot=servons&action=M

 

Angoulême, Marguerite d’. LHeptaméron : contes de la reine de Navarre. Nouvelle édition revue avec soin et accompagnée de notes explicatives. Paris: Garnier Frères, 1869.

 

Le débat sur le Roman de la Rose / Christine de Pisan, Jean Gerson, Jean de Montreuil, Gontier et Pierre Col. Edition critique, introduction, traductions et notes par Eric Hicks. Genève: Slatkine, 1996.

 

Manuscrit français 12779 : Christine de Pizan, Le livre de Christine [Recueil]. 1401-1410. MS. Bibliothèque nationale de France, Paris. → https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc13026h

 

Navarre, Marguerite de. The Heptameron. Translated with an Introduction by P.A. Chilton. Penguin UK, 2004.

 

Pizan, Christine de. Debate of the Romance of the Rose. Edited and translated by David F. Hult. University of Chicago Press, 2010.

 

Roland, Marie-Jeanne. The Private Memoirs of Madame Roland. Edited, with an Introduction, by Edward Gilpin Johnson. 3rd edition. Chicago: A.C. McClurg & Co., 1901.

 

Roland de La Platière, Jeanne-Marie. Mémoires de Mme Roland. Tome 1, avec une notice sur sa vie, des notes et des éclaircissements historiques par MM. Berville et Barrière. Paris: Baudoin fils, 1820.

 

Verlaine, Paul. Romances sans paroles. Sens: Maurice L’Hermitte, 1874.